Bercé par une douce voix qu'il entendait en fermant les yeux, Miyoshi laissait finalement le sommeil s'emparer de lui. Toujours la même mélodie, les mêmes paroles, comme pour le rattacher à tes origines. (il est un peu emo m'voyez, le moindre petit souvenir et boum, on l'a perdu.)
Né dans le quartier de Shibuya, à Tokyo, il était comme tous les petits garçons de ton âge. Sauf qu'il était particulièrement anxieux et asthmatique. Tout le temps. À chaque fois qu'il parlait, il était obligé de planter sur au moins un mot, il avait trop de tics nerveux, il toussait beaucoup et il se faisait le plus petit possible. Ce n'était pas particulièrement la peur de l'échec ou des représailles, juste l'angoisse de ne pas pouvoir faire ce qu'il voulait dans les temps impartis. Et ça, il le tenait de sa mère. Très gentille, mais constamment en stress de ne pas pouvoir passer au centre commercial après le travail, ou bien de ne pas avoir le temps de finir l'écharpe qu'elle avait commencé à faire à son mari parce que paperasse. Mais il y avait une chose qui les calmait constamment tous les deux, c'était la chanson de son père. À chaque fois qu'il les voyait stresser ensemble, parce que, plus on est de fous plus on rit hein, il les entraînait dans le salon pour leur chanter ces mêmes paroles. Ils avaient toujours l'habitude de rire un peu au début, mais sa voix les calmait réellement, ils se sentaient à nouveau capable de faire plein de choses !
Sa scolarité se passa sans encombre, jusqu'à l'apparition de son alter. Au début, ça avait été la frayeur pour lui et ses parents. Pendant un petit atelier de groupe, il était tombé avec un élève qu'il n'appréciait pas forcément. Trop souriant, trop lumineux, trop... Trop. Il n'avait pas arrêté de le fixer. Et quand leurs regards se croisèrent, le petit garçon commença à paniquer. '
Je vois plus rien !!', '
Il fait tout noir !!' '
MAMAN !!!'. C'était les mots qu'il essayait de prononcer désespérément, trop effrayé par ce soudain voile noir. Après un instant, Miyoshi cligna des yeux en entendant ses pleurs, et les plaintes du garçon s'étaient soudainement arrêtés. Un vertige alors qu'il était en bonne santé ? Ça paraissait inconcevable pour les jeunes instituteurs, la provenance de ce voile noir devant les yeux du plus jeune demeurait donc inconnue. Miyoshi rentra donc chez lui, accompagné de sa mère, et finit par raconter la mésaventure arrivée à l'école.
L'alter de son père lui permettant une vue qualifié de sniper, donc excellente, et sa mère l'amplification de l'ouïe, ils découvrirent que leur fils avait hérité de la manipulation des 5 sens. Effrayés que ça ne lui porte préjudice, ils lui répétèrent de ne l'utiliser qu'en cas d'extrême urgence, de vite couper le lien en clignant des yeux, et éviter de croiser le regard de quiconque si jamais une quinte de toux le prend. Ils furent d'ailleurs soulagés que le pouvoir soit restreint par ces limites. Sauf qu'il était encore enfant, et des gaffes, il en a fait. Ce fut au fur et à mesure qu'il apprit à correctement le contrôler, milieu lycée plus précisément.
En prenant connaissance des alters autres que le sien, il finit par se rendre compte à quel point son pouvoir ne le mettait pas en avant. Il était discret. Trop discret. Si bien que certains le crussent sans alter. Le brun avait été tellement briefé étant plus jeune qu'il n'osait pas l'utiliser pour leur prouver le contraire. Un petit groupe de sa classe en profita pour l'embêter. Rien de bien méchant, quelques remarques, mais il n'y avait pas de violence physique. Ils s'amusaient plus à jouer sur ses nerfs. Et ça fonctionnait. Plus il entendait une remarque à son propos, plus Miyoshi sentait le calme le quitter. Pourtant, il avait trouvé un défouloir, le dessin. Et le parkour. De quoi se dépenser et développer les idées qu'il avait, sur papier. Mais ce ne fut pas suffisant. En fin de première année, il utilisa son alter pour rendre aveugle celui qui l'avait descendu plus d'une fois, et le rua de coups, bien que sa force physique ne dépasse clairement pas celle de son adversaire. Réprimandé, privé de ses hobbies et tout ce qui le permettait de penser à autre chose, ses parents l'obligèrent à se concentrer sur ses études pour finir le lycée. De toute façon, rien ne le retenait ici après ce cursus, pensait-il souvent pour se rassurer. Après cet incident, les années suivantes furent longues, très longues. Tout le monde avait pris parti pour l'autre garçon, plus personne ne faisait vraiment attention au brun, si bien qu'il en eût développé une haine profonde. Et si le monde avait été sans alters ? Il n'aurait pas été mal jugé. Il n'aurait pas été ignoré. Il aurait vécu normalement, comme eux. Comme lui. Rongé par l'angoisse, il eut du mal à contenir sa colère, mais réussi à finir le lycée sans trop de dommages.
Après ça, il quitta la maison, ses parents ne le retenant même pas. Il était grand, en âge de vivre sa vie, qu'ils disaient. En partant, Miyoshi entendit son père chantonner cette musique qui n'allait pas le lâcher. Un dernier arrêt vers eux, et il commença sa nouvelle vie. Établi dans un petit appartement de Tokyo, graphiste sur le web, il était le citoyen le plus normal du monde. Sauf qu'il n'hésitait pas à s'en prendre aux personnes dotées d'un alter un peu trop voyant à son goût. Endossant son manteau d'ébène, il faisait subir sa colère à ceux dont l'alter était bien trop brillant, ou ceux qui s'en vantaient un peu trop. Son idéal, un monde sans alters. Impossible, certes, mais en réduire le nombre était possible. Il suffisait d'éliminer leur détenteur, héros ou pas.
Le sourire aux lèvres, ses proies en vue, sa voix résonnait :
«
You are the ocean’s gray waves, destined to seek life beyond the shore, just out of reach... »
- HRP:
Je suis pas du tout fan de FE Fates, non non.