Stand by my side and let's have the greatest fight of our lifes.

Le soleil s'était fait de plomb dans un ciel tirant sur le blanc. L'été baignait le japon dans une torpeur maladive tant dit que la chaleur s'était écrasée avec violence sur le pays comme le derrière d'un sumo particulièrement zélé.

La canicule s'était emparé de la grande ville de Tokyo, condamnant ses habitants à une existence intimement liée à la présence d'un ventilateur à proximité. Le jeune Kirishima n'échappait pas à la règle. La sueur imbibait son petit corps tel un fluide d’embaumement, du bout de ses orteils jusqu'au la racine humidifiée de ses cheveux rougeoyants en passant par ses yeux exorbités. Celui-ci rampait difficilement sur le planché parfaitement ciré de sa demeure, avec deux mots en tête : à... BOIRE...
Il leva les yeux vers la table de la salle à manger. Sur celle-ci reposait un immense pichet d'eau en verre, telle une véritable fontaine de jouvence, la fraîcheur du liquide ayant imprégné la surface du récipient d'une humidité glaciale particulièrement rafraîchissante.

Eijirou esquissa un léger sourire, ses yeux trahissant la soif insatiable qui le rongeait alors. A quelques mètres seulement se dressait là l'objet de sa délivrance. Le petit garçon, alors âgé de quatre ans, se releva maladroitement et, tenant fermement sur ses minuscules petits pieds, s'élança vers l'incarnation faites pichet de ses désirs les plus intenses.

Plus le gamin s'approchait de la table qui signerait la fin de cette impression de sécheresse qui lui hantait la bouche, plus celui-ci semblait se hâter d'en finir avec ce périple particulièrement périlleux. Dans sa tête tournoyaient encore les images de son héros favori, Crimson Riot, prit dans un terrible conflit l'opposant à deux vilains particulièrement virulent. La première fois que son père lui avait montré ces images, Kirishima était resté complètement abasourdi par une telle démonstration de puissance. Tellement de classe !! Tellement de virilité !! Quelle silhouette MUSCULEUSE ! Eijirou fut soudainement prit d'une fièvre endiablée, le poussant à donner son maximum dans cette course contre le moelleux tapis qui l'invitait paresseusement à se laisser aller sur sa surface molletonnée. L'enfant accéléra la cadence, toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort, (toujours plus... Non.) Tels étaient ses crédos !

L'objectif de cette course endiablée semblait désormais dangereusement se rapprocher. Le gamin aux cheveux rouges laissa échapper une exclamation d'excitation ! Plus près ! Plus près encore ! Encore plus près ! ... Si près... ! Trop près... TROP PREES !
Le temps sembla alors ralentir. Kirishima, dont toute trace d'euphorie s'était à présent envolé, observait avec horreur l'un des pieds de la table se rapprocher inexorablement de son visage... L'impact était imminent à présent... Soudain un frisson incontrôlable s'empara du corps du petit garçon tout en entier. Eijirou sentît alors une sorte de tension dans sa propre chair, comme si ses muscles se rapprochaient les uns les autres, comme si sa peau se tendait à son maximum, menaçant d'atteindre son point de rupture.

Le jeune japonais percuta alors de plein fouet la table en bois qui avait jusque là servit d'autel au plus cher de tous ses désirs. Ponk. Kirishima rouvrît les yeux, interloqué. Il s'était attendu à subir une douleur cuisante, qui ne l'aurait laissé tranquille que grâce aux soins de sa chère maman à grands coups de bisous magiques et autre remèdes miracles. Et pourtant le gamin n'avait ressenti que très vaguement la surface rugueuse de la table, comme si l'impact s'était fait amortir par un gros oreiller.
Eijirou revint brusquement à la réalité lorsqu'il entendit le pichet qui l'avait conduit jusqu'ici vaciller dangereusement. Le choc l'avait très certainement pousser vers le bord... le garçon contempla avec impuissance le récipient de verre chanceler, puis s'abattre implacablement vers la tête du petit. Le pichet se brisa en plusieurs morceaux inégaux sur le crâne de l'enfant. Celui-ci ressentit cette fois-ci une sensation toute particulière, bien que totalement différente de ce à quoi il s'était attendit. La première chose qu'il ressentit fut le contact absolument gelé de l'eau se déversant sur sa nuque, imbibant le garçon de pieds en cape. Au comble de incompréhension, Kirishima palma son crâne à la recherche d'une quelconque bosse et sursauta de surprise. Ses cheveux, d'habitudes en batailles, s'était tous colmaté autours de ses épis en pics d'une solidité absolument prodigieuse. A la vue de sa propre main, Eijirou émit une exclamation étouffée. Celle si arborait un aspect rigide, semblable à de la pierre, légèrement fissurée par endroit. Ses doigts s'étaient joint pour ne former qu'un seul et même bloc. Lorsqu'il entendit les bruits de pas précipités de sa mère et qu'il se retrouva face à elle, il émit d'une petite voix légèrement gênée alors qu'il était ruisselant d'eau :

-Je crois que j'ai fait une bêtise...

Le monde entier sembla se teindre de couleurs plus vives. Les sons arrivaient déformés aux oreilles du petit, celui-ci ne comprenant pas vraiment pourquoi sa mère courrait dans tous les sens, appelant un à un tous les membres de sa famille pour leur annoncer "La nouvelle". L'alter d'Eijirou s'était enfin déclaré.
 
Plusieurs jours s’écoulèrent avant que le petit Kirishima ne puisse assimiler la nouvelle. Son alter ? Ça ? Malgré la sympathique lui évoquait l'idée d'être un bonhomme-coussin il s'était attendu à quelque chose de plus... héroïque. De plus spectaculaire. La dimension seulement pratique de son nouveau pouvoir laissait au garçon un goût amer dans la bouche. Ses rêves de combats dantesques à la All Might s'étaient envolé d'eux mêmes, comme s'ils s'étaient brisé en même temps que ce stupide pichet d'eau qui avait été la cause de tant de remue-ménage. Soudain, une pensée glaça le sang du gamin. Et si son alter était trop banal pour lui permettre de marcher sur les pas de son idole, Crimson Riot ? Endeavore faisait jaillir des torrents de feu. All Might faisait prévu d'une force et d'une vitesse quasi-divine. Tous les altersdes meilleurs héros étaient tout bonnement impressionnant... Kirishima, lui, ne pouvait que durcir sa peau. Le moral au plus bas, le gamin s'en alla rejoindre son paternel rentré du travail en traînant des pieds, les yeux embués de larmes. Il expliqua tout ce qu'il avait sur son petit coeur d'enfant ; ses doutes, ses peurs, ses regrets, tout. En guise de réponse, Mr Kirishima assena à son fils l'une de ses "salades de phalanges qu'il affectionnait tant. Le mioche, par réflexe anatomique, eriga son alter pour se défendre. La main sèche du paternel de heurta contre la joue rapeuse du petit. Malgré tout la force de son père, Eijirou n'avait ressenti absolument aucune douleur. Il releva la tête et croisa le regard de son "agresseur" qui lui donna l'une des leçons les plus importantes de toute à vie.

- FILS. Sache que dans la vie il existe une différence majeure entre avoir et être. Dieu t'a donné ton alter, mais ce n'est pas lui qui décide ce que toi tu es. Tu as un alter de renforcement, de durcissement, soit ! Celui ci fait dès à présent partie intégrante de toi, que tu le veuilles ou non ! Tu as reçu un don, mais celui-ci ne te définit pas. Ne te laisse jamais dominé par ce que tu as ; laisse prévaloir ce que tu es et ce que tu souhaite être ! Plus tard, tu seras un héros fantastique. Le héros le plus fort et le plus viril du Japon. Ça, mon fils, c'est ce que tu seras ! On ne te le donnera pas, ce sera à la seule force de tes muscles et de tes ambitions que tu en seras arrivé là!  

Dès lors, le petit Kirishima cessa de pleurnicher pour un oui ou pour un non. Séchant ses larmes, celui-ci se fit la promesse d'être à la hauteur des espérances de son Vieux père. Il deviendrait le héros le plus viril et le plus fort du Japon, et si son alter n'était que défensif, soit ! Faute d'être l'épée, il serait le bouclier des innocents.